Michel Fourniret a refusé de s'exprimer lundi à l'ouverture de son procès devant la cour d'assises des Ardennes. Il a demandé au président de lire un texte qu'il a rédigé. Le tueur en série refuse également d'être pris en photo. Monique Olivier, quant à elle, a répondu aux premières questions sur son identité et celle des avocats.
Alors que le président lui demandait de décliner son identité, Michel Fourniret a refusé d'ouvrir la bouche. Il a présenté un papier sur lequel on pouvait lire "Sans huis clos, bouche cousue". Une annonce auquel le président réplique: "Alors Monsieur Fourniret, bouche cousue?" Interrogé encore par le président qui lui demandait s'il souhaitait être défendu par ses avocats qui lui seront de toute manière commis d'office, Michel Fourniret, vêtu d'un pull bleu, a simplement croisé les bras, faisant un signe "non" de la tête.
Il a fait remettre un texte, roulé comme un parchemin, au président, avant de finalement prononcer quelques mots. Il a demandé au président de lire ce texte car il refusait de le faire lui-même en l'absence de huis clos. "C'est l'exposé que j'avais l'intention de lire. Mais je ne peux prendre la parole en absence de huis clos. Je vous demande la permission de bien vouloir lire vous-même ce que j'avais destiné aux parents des victimes", a-t-il dit. Indiquant que c'était "joliment fait" en montrant ce texte roulé en parchemin, le président a dit qu'il en prendrait connaissance au moment voulu.
Choqués
Cette sortie de Michel Fourniret n'a pas plu aux parties civiles. "Mes clients ont été choqués par les pitreries de Michel Fourniret. Il doit rendre des comptes", a expliqué à l'issue de l'audience Me Didier Seban, avocat de la famille de Jeanne Desramault. "Pour lui c'est très sérieux. Il attache de l'importance à des détails", a dit Me Philippe Jumelin du comportement de son client, Michel Fourniret. L'avocat dit ne pas en connaître le contenu exact, avançant des critiques sur l'enquête et le refus d'un procès à huis clos.
Cette audience jeudi matin a vu l'installation du jury effectif (5 femmes et 4 hommes) et de leurs six suppléants, la constitution des parties civiles et la fixation des dates pour l'audition de la centaine de témoins et experts. Certains des proches des victimes de Michel Fourniret étaient présents. C'était notamment le cas de Marie-Noëlle Bouzet et Francis Brichet, les parents d'Elisabeth Brichet, enlevée et tuée par l'ogre des Ardennes et sa complice le 20 décembre 1989 à Saint-Servais (Namur). Mme Bouzet a regardé fixement Michel Fourniret pendant de longues secondes avant de détourner son attention. Tout comme son ex-mari, elle compte s'exprimer au procès dont l'issue est prévue fin mai.
Michel Fourniret est quasiment resté toute la matinée les bras croisés ou prenant de très nombreuses notes. Il n'a regardé quasiment personne, hormis le président. A plusieurs reprises il a remis un bout de papier à ses avocats. Monique Olivier s'est présentée très brièvement comme le prévoit la loi. Le visage quelque peu creusé, elle porte désormais des cheveux argentés, coupés courts. Elle a paru quelque peu exaspérée à l'issue de la séance de photos préalables à l'audience. Michel Fourniret avait quant à lui refusé toute prise de vues.
Accusé de sept meurtres
Le couple, qui est détenu à la prison de Charleville-Mézières, avait
été transféré à 08H30 vers le palais de justice en convoi de voitures. Ils se trouvaient dans deux véhicules différents. Michel Fourniret est accusé de sept meurtres (dont deux avec préméditation), enlèvements et viols ou tentatives de viols d'adolescentes ou de jeunes femmes. Monique Olivier est poursuivie pour sa participation dans cinq de ces faits. Son parcours meurtrier a débuté en décembre 1987, quelques mois après sa sortie de prison où il purgeait une peine pour des viols sur mineures.
Son équipée mortelle, entre la France et la Belgique où il s'est installé
en 1991, s'achèvera en juin 2003 dans la région de Ciney après
l'enlèvement manqué de "Marie". Les motivations de Monique Olivier seront une des questions que le procès pourra peut-être éclaircir. L'audience reprendra jeudi à 14H00, vraisemblablement avec la lecture de l'ordonnance de mise en accusation. L'attitude à venir de Michel Fourniret reste l'objet de spéculation. (belga/7sur7)