Son frère, recherché par la cellule antiterroriste, est toujours en cavale LODELINSART
Sadia était une fleur en pleine éclosion. D'origine pakistanaise, cette
étudiante de 20 ans qui s'apprêtait à réussir son baccalauréat de droit
à la Haute École provinciale de Charleroi, s'est toutefois envolée pour
le Pakistan, hier. Dans un cercueil... Lundi, son frère l'a
abattue devant le domicile familial de Lodelinsart, blessant sa soeur
au passage. Un domicile qu'elle avait quitté il y a quelques mois pour
s'émanciper du joug intégriste imposé par sa famille. Sadia
voulait vivre à l'occidentale, étudier, peut-être épouser son petit ami
belge. Mais sa famille, qui l'avait déjà mariée au Pakistan contre son
gré, la trouvait trop "délurée". "Son frère l'a rappelée, en lui disant
que ses proches feraient des concessions", explique une amie. "Elle est
tombée dans un traquenard. Et toute sa famille est responsable de sa
mort." Mercredi, Sadia est décédée de ses blessures. Son
frère, lui, est toujours recherché par les forces de l'ordre. Il semble
qu'il ait laissé une lettre, confiée depuis lors à la cellule
antiterroriste de la police fédérale. On comprend dès lors
mieux le silence radio maintenu par le parquet de Charleroi. On
comprend aussi la crainte des étudiants de l'HEPCUT, à qui la police a
demandé d'être discrets pour leur sécurité. Le petit ami de
Sadia n'a même pas pu assister à la cérémonie d'hommage qui s'est tenue
hier, dans la classe que la jeune fille fréquentait et qui devrait
bientôt porter son nom. Deux étudiants, parents et professeurs
étaient présents pour rappeler son caractère enjoué, sa joie de vivre,
tout en clamant leur rage face à ce qui lui est arrivé. "Sadia
pressentait un malheur", a déclaré une camarade. "Elle nous avait fait
son testament et demandé que son argent soit versé à un orphelinat.
Comme nous n'y avons pas accès, nous avons fait une collecte et récolté
750 euros."
F. D.
© La Dernière Heure 2007